L’abeille miracle va-t-elle sauver le monde ?

Attaqué de toutes parts, le pollinisateur numéro un de la planète est en danger — et l’homme peut-être aussi. Des scientifiques et des éleveurs travaillent à créer une abeille plus résistante. 

Les abeilles traversaient déjà une mauvaise passe quand le frère Adam devint apiculteur, en 1915. Il avait 16 ans et était novice à l’abbaye de Buckfast, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Certes, on connaissait depuis des siècles les hécatombes foudroyantes d’abeilles. Mais le moinillon assistait à un désastre sans précédent : après avoir dévasté les ruchers de l’île de Wight, une maladie mystérieuse ravageait le reste du Royaume-Uni. Le frère Adam retrouvait des ruches soudain vidées, et les abeilles rampant en dessous, incapables de voler. Cette année-là, il perdit vingt-neuf de ses quarante-cinq ruches.

Les scientifiques finirent par attribuer la maladie à un virus inconnu jusqu’alors. Mais c’était trop tard pour sauver l’abeille noire mellifère de Grande-Bretagne. Presque tous les essaims survivants étaient des hybrides, issus de l’accouplement de faux-bourdons de la région avec des reines d’origine étrangère. La vigueur apparente de ces croisements incita donc le frère Adam à envisager l’élevage d’une abeille résistante aux maladies.

Lire la suite : L’abeille miracle va-t-elle sauver le monde ?

Les abeilles sont sensibles au thiaméthoxame, mais les colonies peuvent s’adapter

Par le 23 novembre 2015

Une étude en plein champ conforte les essais en laboratoire sur les risques de désorientation des abeilles exposées au traitement des semences de colza au thiaméthoxame. La proximité des parcelles traitées diminue l’espérance de vie des butineuses. En réponse à cette surmortalité, les colonies modifient leur stratégie de production de couvain pour privilégier le renouvèlement des ouvrières. Ces risques mesurables ont des effets biologiques retardés non encore pris en compte par les autorités sanitaires. Les auteurs confirment l’importance de mesurer les effets chroniques de faibles doses dans l’évaluation de la toxicité des pesticides avant leur mise sur le marché et de possibles effets cumulatifs entre différentes matières actives.
La recherche a été menée par des chercheurs de l’Inra, de Terres Inovia, du CNRS, de l’ITSAP-Institut de l’abeille et d'ACTA, l’étude a été publiée le 18 novembre 2015 dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Le point de départ est une double recommandation de l’Anses suite aux premiers résultats publiés en 2012 concernant les effets toxiques des insecticides néonicotinoïdes. La recherche a visé à évaluer au champ l’impact de l'enrobage des semences avec certains insecticides sur la mortalité des abeilles domestiques. Le but était de préciser l'impact sur les performances des colonies, des données souvent absentes des évaluations précédentes.

Lire la suite : Les abeilles sont sensibles au thiaméthoxame, mais les colonies peuvent s’adapter

L'invasion du frelon asiatique pourrait s'arrêter d'elle-même

 source : afp Tours

CYCLE. «On est tombé dessus par hasard !» Chercheur à l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (IRBI, Université de Tours), Eric Darrouzet reconnaît qu’à l’origine de ses recherches ne figurait pas la détermination d’une possible consanguinité chez les frelons asiatiques (Vespa velutina ), cette espèce invasive originaire d'Asie qui détruit les colonies d'abeilles domestiques de l'hexagone depuis son arrivée en 2004. "Je recherchais plutôt la recherche de signatures chimiques chez ces insectes ainsi que la détermination de parasites possibles pouvant affecter ces hyménoptères". De 2012 à 2014, Eric Darrouzet a prélevé 31 nids de frelons principalement dans l’Indre et Loire. Ces colonies ont été apportées en laboratoire et congelées à -20°C pendant 48h pour pouvoir compter en toute tranquillité le nombre de mâles, femelles et ouvrières. "Et c’est ainsi que nous nous sommes aperçus que les colonies comportaient de nombreux mâles au printemps, ce qui est en contradiction complète avec le cycle de cette espèce où les mâles n'apparaissent qu'à la fin de l'été" poursuit l’entomologiste qui vient de publier dans Plos One un article retentissant laissant espérer l’éradication d’un insecte très envahissant.

Chez le frelon, seules les reines survivent l’hiver. Au printemps, elles constituent l’ébauche d’un nid et pondent quelques œufs qui produiront les premières ouvrières. Celles-ci vont agrandir ce nid de cellulose mâchée et l’installer dans les hautes branches d’un arbre. Au cours du printemps et en été, la reine pond jusqu’à 2000 ouvrières qui vont produire un essaim de 80 cm de diamètre. Ce n’est qu’à la fin de l’été que seront générés les individus mâles et femelles pouvant se reproduire. Après l’accouplement, les mâles meurent et les femelles attendent le printemps suivant. Deux fois plus productive en ouvrières et en reines que les abeilles et guêpes d’Europe, le frelon a connu un développement foudroyant depuis sa première apparition en France dans le Lot-et-Garonne (2004), vraisemblablement introduit dans des poteries provenant de Chine. Il est aujourd’hui présent sur 70% du territoire français, et en Espagne, Portugal, Belgique et Italie. Ses ravages sur la biodiversité sont mal connus, mais on le sait prédateur des abeilles domestiques.

Lire la suite : L'invasion du frelon asiatique pourrait s'arrêter d'elle-même